Se préparer à accueillir des abeilles
Nous proposons ici des questions à se poser avant de se lancer, ainsi que des pistes issues de notre expérience avec les abeilles, de plus de 10 ans.
Ces questions sont un préambule, quelque soit la dimension ou le but de votre projet : polliniser votre jardin ou vos cultures, simplement observer et accueillir des abeilles, produire votre miel familial, monter un projet collectif, créer une activité complémentaire, devenir apiculteur pro à temps plein, etc.
En guise d'avertissement : il y a 1001 manières de pratiquer l'apiculture. Notre pratique n'est pas une solution miracle, une vérité indiscutable. Nous partageons simplement des pistes concrètes inspirées de notre observation et de connaissances régulièrement vérifiées et actualisées (réseaux d'apiculteurs, recherche, etc.).
Nous sommes apiculteurs professionnels depuis 2011, pratiquons avec cœur une apiculture paysanne, certifiée biologique (AB) et sous mention Nature & Progrès. Nous accueillons, sensibilisons et formons à l'apiculture. Chacun arrive à nos formations avec ses idées, ses envies. Nous tentons d'accompagner chaque personne précisément, à la lumière des connaissances actuelles (qu'elles soient scientifiques ou empiriques), sans s'imposer et sans injonction.
Notre éthique est résolument écologique. Nous humains, sommes vivants parmi les vivants, tout comme les abeilles et autres êtres végétaux et animaux. Nous recherchons, en toute humilité, une attitude responsable et respectueuse du vivant, une interdépendance équilibrée et durable. Comme en permaculture, nous aimons envisager notre apiculture comme si nous devions vivre 1000 ans ... en conscience de ses conséquences sur les milieux, les abeilles, les humains.
Attention, certaines données ci-dessous peuvent être amenées à évoluer. Nous veillons à les mettre à jour régulièrement.
Merci de votre indulgence !
En guise d'intro : apiculture bio, naturelle, écologique, paysanne... Comment s'y retrouver ?
Pas simple, car bien souvent la plupart de ces termes sont utilisés de manière très subjective. Quelques éléments d'éclairage :
Les termes "apiculture écologique" et "apiculture naturelle" ne sont ni officiellement définis, ni protégés. Chacun peut donc les utiliser, les auto-proclamer sans contrôle particulier. Certains prônent que la ruche Warré (que nous connaissons bien) ou Kényane est plus écologique. D'autres que l'ouverture des ruches est une hérésie.
La réalité nous semble plus vaste, plus complexe. S'informer précisément sur l'éventail des possibles et des risques (pour les abeilles, les milieux et les humains) est important. Apprendre, discerner, tester en douceur et sans mettre en péril tout un cheptel ... permet de murir son projet, quelle que soit son envergure.
Finalement, derrière ces termes il y a souvent beaucoup d'injonctions, fondées sur une intention louable mais aussi des théories personnelles pas toujours vérifiables ou partagées. Elles mènent pourtant à des choix qui ne sont pas sans conséquences sur la vie des abeilles.
Pour revenir à nos exemples : les ruches Warré et Kényane ont de beaux atouts, mais également des inconvénients ... Et ouvrir les ruches sans attention précise, de manière brusque ou longue, trop souvent, peut être très stressant pour les abeilles. Inutile de leur ajouter cette tension... mais inutile aussi de les laisser en difficulté sans attention !
L'apiculture biologique ? Elle est contrôlée. L'apiculteur ne peut donc pas auto-proclamer ses pratiques ou son miel "bio" s'il ne respecte pas les règles précises du cahier des charges en apiculture bio, et s'il n'est pas contrôlé par un organisme certificateur. Zone de butinage comportant pas ou peu de cultures intensives (et donc de pesticides), et surtout soin des abeilles avec des substances volatiles, inoffensives pour l'écosystème, d'origine naturelle.
Le cahier des charges "Nature & Progrès" va bien plus loin : il intègre les critères AB et les dépasse. Notamment sur le caractère local de la production (transhumance lointaine interdite, limitée). Le nourrissement au sucre des abeilles n'est autorisé qu'en très petite quantité et lorsque la vie des abeilles est en jeu : un critère drastique qui rebute pas mal d'apiculteurs adeptes de pratiques intensives, même en bio !
Enfin l'apiculture paysanne : elle correspond à une vision politique de l'agriculture. C'est à la fois un idéal de société, porté notamment par la Confédération Paysanne, et une démarche de progrès posée au travers de la Charte de l'Agriculture Paysanne. Il n'existe pas de contrôle, mais le paysan s'engage à faire des auto-diagnostics de ses pratiques, pour prendre en main son évolution, au plus près des enjeux environnementaux et sociaux actuels.
A l'Arc en Miel, nous sommes engagés au quotidien et concrètement sur les critères de l'Agriculture Biologique et de Nature & Progrès. Nous sommes contrôlés régulièrement par 2 organismes certificateurs. Nous nous informons régulièrement sur les nouvelles connaissances scientifiques. Nous sommes formés et pratiquons aussi des techniques dites alternatives (homéopathie, géobiologie, ...).
L'éthique de l'apiculture paysanne nous intime à être en lien avec tout un réseau d'apiculteurs, à remettre en question les certitudes qui peuvent parfois être les nôtres, et à nous engager collectivement !
En toute humilité, nous visons une attitude responsable quant aux enjeux écologiques. Respecter les rythmes des abeilles et des milieux est notre priorité, même si parfois cela veut clairement dire renoncer à des rendements !
C'est cette recherche d'équilibre que nous partageons passionnément. Tout en laissant aux participant.e.s à nos stages et formations toute l'ouverture d'esprit et le bonheur de choisir leurs pratiques : à chacun son rythme, ses possibles et son cheminement.
Installer des ruches, une bonne idée ?
Les abeilles sont, il est vrai, responsables de la pollinisation de 80% des espèces végétales. Mais parmi elles, il y a une grande variété d'espèces, pour la plupart sauvages (environ 950 en France). Parmi elles, l'abeille domestique Apis mellifera, polliniserait seulement 15% des végétaux (source : Office pour les Insectes et leur Environnement).
Nous savons aujourd'hui cette variété d'hyménoptère est très intéressante pour favoriser la pollinisation de certaines cultures (fruitiers, cucurbitacées, crucifères, astéracées ...). L'idée qu'une surpopulation d'abeilles domestiques entre en concurrence avec les abeilles sauvages est étudiée. Aucun palier (nombre de ruches au km²) n'est officiellement défini : c'est difficile à évaluer, car cela varie avec la richesse florale du territoire concerné (type de fleurs, abondance et variété). Qui plus est cette richesse florale est variable au fil de l'année. Cependant, en 2019 une étude a montré que dans une grande métropole comme Paris, on avait dépassé ce seuil critique : il y a trop de ruches par rapport aux ressources florales de la capitale.
Alors comment savoir si votre projet ne risque pas d'être porteur d'un déséquilibre pour son milieu naturel ?
Tout d'abord observer : avant installation de ruches, il est important de veiller à l'abondance de la flore, à sa variété au fil de l'année, dans un rayon de 3 kms. Et autre question incontournable : les hyménoptères et insectes en général sont-ils présents en variété et quantité ?
Puis échanger avec les apiculteurs locaux : combien de ruches sont déjà installées ? Quelles sont les ressources au fil de l'année ? Y a t-il des périodes de manque ? Puis tester, progressivement : installer quelques ruches, et observer au fil des mois. L'objectif reste de créer un ensemble vivant et harmonieux, dans lequel les abeilles domestiques et les espèces sauvages ont leur place.
Pour la pollinisation des cultures, un repère simple : 4 colonies suffisent pour polliniser 1 hectare de pommiers ou de cerisiers.
Se ré-approprier notre production de nourriture, à l'échelle familiale ou d'un quartier, d'un territoire est aussi passionnant. Faire son miel, sa propolis, son pollen, à petite échelle, tout comme faire son potager et/ou ses bocaux de légumes permet de gagner en liberté et autonomie. En apiculture paysanne, cette production à petite échelle est toujours pratiquée en lien fort avec les milieux naturels.
Re-naturer, favoriser la biodiversité, préserver des espaces sauvages non fauchés : plus on favorisera des milieux riches en espèces (animales et végétales), plus nos abeilles de ruches et les pollinisateurs sauvages seront en bonne santé et nous pourrons gagner en autonomie de production.
Enfin se former, apprendre l'apiculture paysanne par la pratique n'est pas une option. La variété des paramètres impactant la santé des abeilles fait que cette étape est devenue incontournable, même pour prendre soin d'une seule ruche.
Une autre piste pour comprendre les interactions complexes entre plantes et insectes, et participer à un programme de science participative passionnant : le SPIPOLL. Cette démarche participative ouverte à tous, vous propose d'observer un massif fleuri pendant 20 minutes, et de partager vos résultats sur le site dédié. Vous faites ainsi avancer la recherche sur le sujet !
Peut-on installer des ruches n’importe où ?
Comme chaque être vivant, les abeilles ont besoin d'évoluer librement sans stress. Elles ne sont ni plus ni moins agressives que les guêpes, que les frelons ou encore que les humains ! Et comme dans toutes les espèces ... certains individus ont besoin de plus d'espace que d'autres.
L'idéal est de leur réserver un lieu bien à elles, à l'écart du passage humain. Il existe des règles légales, qui varient d'un département à l'autre. Elles sont une bonne base de référence. On peut se les procurer auprès de sa préfecture. Par exemple il existe une distance minimale légale à respecter pour les ruches proches des habitations, des lieux publics (écoles, hôpitaux, ...), des voies de passage (sentiers de randonnée, ...). Ensuite, la logique et le bon sens prévalent : éviter la proximité d'un lieu animé, qui va être source de bruit et de mouvement, stressants pour les abeilles,
Y a t-il assez de ressources florales autour de mes abeilles ?
Vos abeilles auront besoin d'une flore abondante et variée tout le long de leur période d'activité, dans un rayon de 3 kms.
Un magnifique champs de lavande ou de tournesol (non traité) juste à côté de chez vous ? Vous avez planté un tétradium daniellii, le fameux "arbre à miel" ? Super, mais quelles fleurs sont disponibles à la sortie de l'hiver (février-mars-avril) pour leur permettre de redémarrer la ponte ? Ou en septembre/octobre pour faire leurs réserves d'hiver ? Etc.
En outre, vos abeilles vont avoir besoin de pollen et de nectar. Certaines plantes, comme le noisetier (pollinifère) ou le lavandin (nectarifère) sont spécialisées sur une seule de ces ressources. D'autres, comme le lierre, produisent et offrent les deux.
Et enfin c'est dans la variété des apports floraux (notamment des pollens) qu'elles construiront une immunité et une santé solide.
C'est précisément pour ces raisons qu'en zone de monoculture agricole, les abeilles ne peuvent pas trouver un équilibre à l'année.
Bien trop souvent sacrifiée par commodité ou méconnaissance, la flore locale est décimée sur les bords de route, jardins publics ou privés, haies agricoles ... Cette flore commune, sauvage et variée, est capitale pour les abeilles, mais aussi les oiseaux, autres insectes et tout l'écosystème.
Nous pouvons la défendre, auprès de nos communes ou conseils départementaux, mais aussi de nos proches. Et également par nos choix alimentaires, en favorisant des agriculteurs aux pratiques respectueuses. Planter des arbres peut aider, mais ne remplacera jamais cette variété naturelle et sauvage indispensable.
Pour mobiliser nos élus, la fiche "que peut faire ma commune pour végétaliser son territoire ?" de France Nature Environnement est un outil utile. Faites la circuler !
Attention également, les territoires évoluent, dans un sens comme dans l'autre : restons vigilant, aiguisons notre nez et notre vision à la manière d'une abeille :-)
Opter pour des soins conventionnels, bio, alternatifs … ?
Il y a 40 ans, apporter des soins à une colonie d'abeilles se résumait à les nourrir très exceptionnellement ...
Maintenant, la "prophylaxie", un ensemble de pratiques de prévention, est incontournable : repérer la qualité des floraisons et leur variété, déplacer les ruches en période de manque, surveiller le varroa (qui affaiblit fortement les colonies si on ne fait rien), suivre la ponte ou la vitalité de la reine ...
Beaucoup d'indices témoignent de la santé d'une colonie d'abeilles. Il est donc utile de savoir les repérer. Puis savoir diagnostiquer les maladies courantes, notamment celles qui peuvent être fatales. Prises à temps, la plupart sont simples à soigner et vous pourrez sauver vos abeilles.
Ensuite, au-delà du strict diagnostic, il est important de savoir évaluer globalement la dynamique d'une colonie.
Puis, intervenir pour préserver ou restaurer l’équilibre de santé de la colonie peut être nécessaire. Tout d'abord, être dans un esprit de lutte acharnée (contre varroa destructor, ou encore vespa velutina) peut être épuisant ... et inefficace. De par son état d'esprit, l'apiculteur.trice peut induire beaucoup. Les abeilles sont très sensibles à son stress.
Ensuite, ses compétences et son savoir vont être essentielle : ai-je compris le cycle du varroa ? Ai-je connaissance des besoins en nourriture des abeilles qui évoluent au fil de l’année ? Suis-je en mesure de repérer leur vitalité, leurs besoins ?
Et enfin, le type de soins ! Les soins conventionnels sont les plus "faciles" et efficaces, mais demandent une grande rigueur d'emploi (personne n'a envie de retrouver des résidus acaricides dans son miel ...).
Les soins bio sont plus risqués, occasionnant plus de mort des colonies ... Ils demandent minutie, observation, rigueur et maitrise parfaite des procédés.
Une multitude de « soins alternatifs » ou « naturels » ont déjà été testés. Parmi ceux-ci, il existe des solutions complémentaires aux traitements incontournables du varroa (en conventionnel ou en bio), intéressants : homéopathie, biodynamie, biomécaniques, énergétiques ... Ils restent cependant insuffisants pour faire baisser ou prévenir suffisamment la pression du varroa.
Alors ... Est ce que je teste la solution miracle "hyper naturelle" de mon voisin ou trouvée sur internet ? Le produit est-il légal (bon à savoir !) ? Laisse t-il des résidus dans le miel et la cire ? Quel est son impact à long terme ? Certes, tout découvreur passe par une approche empirique, mais suis-je capable d'en mesurer le risque ? Et du coup ... prendre le risque de retrouver 1 colonie en vie sur 20 à la sortie de l'hiver, est-ce toujours "respectueux des abeilles" ?
Se tenir informé.e des recherches, rester ouvert.e mais garder sa capacité de discernement, se remettre en question, le tout à l'égard de notre impact global : ce sont nos valeurs en apiculture, celles que nous mettons quotidiennement en application, dans le strict respect des cahiers des charges (Agriculture Biologique + Nature & Progrès) pour lesquels nous sommes régulièrement contrôlés.
Ce sont ces valeurs que nous vous proposons de partager lors de nos formations.
Et sans aucun doute : rechercher un équilibre entre "faire" et "être". C'est-à-dire appliquer des soins justes, mais d'abord dans une relation paisible et consciente avec les abeilles et les besoins des milieux naturels.
Puis-je récolter du miel tout en étant respectueux des besoins des abeilles ?
Vaste sujet, à ne pas aborder de manière trop simpliste ou manichéenne !
Dans la mesure où l'on installe ses abeilles dans des milieux naturels riches et variés, prélever une petite partie de leur production est possible. Pour cela il faudra veiller à la santé de ses colonies, à la présence de ressources saines et régulières, et à leur capacité à lutter contre les prédateurs le plus en autonomie possible.
En moyenne, une ruche a besoin d'environ 80kg de miel annuel pour son alimentation propre. Au-delà, l'apiculteur.trice peut escompter récolter un surplus. Sans transhumer, il.elle peut espérer aujourd'hui entre 0 et 20 kg de miel annuel. Bien plus (certains parlent de 60kg) avec des pratiques intensives qui sont nocives pour les milieux t les abeilles elles-mêmes (transhumance fréquente, nourrissement fort, et donc stress des abeilles) ...
Attention : ces chiffres sont des données générales, des repères à adapter au cas par cas.
"Du corps de la ruche, jamais tu ne récolteras le miel" : c'est également un repère, une éthique de base que tout apiculteur.trice devrait suivre à la lettre (sauf cas exceptionnel) pour respecter les besoins de la colonie. Le miel accumulé dans la hausse (élément superposé au corps de la ruche) peut donc lui seul faire l'objet d'une récolte par l'apiculteur.ice attentive à la santé de ses abeilles.
L'abeille est une infatigable butineuse ... Tant qu'il y a du nectar, du miellat ou encore du pollen disponible, elle produit et stocke, quelque soit les besoins de sa colonie. C'est bien pour ça que l'humain a vu en elle, dès l'Antiquité, une alliée pour se nourrir ! En revanche elle est très sensible au stress, causé par exemple par des gestes brusques, peu assurés, des transhumances ou des manipulations fréquentes, etc.
A noter également : au printemps et en été, une importante miellée peut parfois bloquer la possibilité de pondre pour la reine, par manque de place ! Du coup, le renouvellement de sa population est en péril. Enlever du miel l'induira à se développer de manière modérée. Et évitera sans aucun doute, un futur manque de ressources (cette miellée est temporaire), qui pourrait être fatal à la colonie.
Si j'envisage de créer une activité complémentaire, que dois-je prévoir ?
En complément d'une autre activité, il est possible de prendre soin de 10, 20, 50 ruches ... L'apiculture est souvent envisagée en complément d'une activité agricole, mais pas seulement.
C'est une activité qui demande présence et attention, notamment au printemps. Dès février ou mars (selon région), l'apiculteur.trice sera à l'écoute des prémices. C'est une période critique, qui demande peu de temps mais une vraie attention. Puis les mois d'avril, mai et juin vont être les plus chargés en tâches de suivi des ruches : comptez visiter chaque ruche une fois par semaine sur cette période. Chaque visite de ruche durera entre 30 secondes et 5 minutes ... auxquels il faut ajouter le temps de déplacement aller-retour au rucher.
De juillet à octobre, il y a moins de temps à consacrer, mais il est nécessaire de rester vigilant.e dans les moments clés : notamment mise en hivernage et traitement varroa.
En hiver enfin, ne pas oublier l'incontournable temps de nettoyage, tri et réparation du matériel.
D'une manière générale, quelque soit l'objectif visé, on peut compter 1 jour annuel de travail par ruche.
Pour la réussite d'une activité de ce type, il est important d'être accompagné : le réseau des ADDEAR est particulièrement attentif à ce type d'activité, et propose des formations indispensables pour un projet cohérent et pérenne, dans une logique écologiquement et socialement responsables.
Métier : apiculteur bio. Ça me tente... Est-ce une activité risquée ?
Le contexte actuel est clairement difficile : la problématique reste de garder ses abeilles vivantes et en bonne santé, et de produire du miel dans un environnement dégradé, appauvri essentiellement par des pratiques agricoles intensives (pesticides, changement climatique, mais aussi suppression des ressources florales annuelles : haies, prairies naturellement fleuries ...).
Dans ce contexte, des choix s'offrent à l'apiculteur.trice, des pratiques les plus intensives, aux plus douces et conscientes. Garder ses valeurs, rester conscient de l'impact de ses choix sur les milieux naturels, est une équation de chaque jour, un graal !
C'est aussi un métier gratifiant, avec une belle variété de productions possibles (miels, gelée royale, essaims, produits transformés comme les pâtisseries, confiseries, hydromels ...) et des rencontres passionnantes au fil des saisons avec ses abeilles. Pour un minimum de risque, il peut être intéressant de pouvoir réaliser au moins une miellée annuelle "sûre" : colza, châtaignier ou lavande ...
Là encore le projet ne s'improvise pas et demande formation, accompagnement, mais aussi expérience. L'habitude de prendre soin de 2 ruches est un atout, mais c'est très insuffisant. L'équipement et l'organisation des soins sur plusieurs ruchers se raisonne, après une solide formation et une pratique avec des professionnels.
Également, ne pas oublier que c'est un métier "physique". Le port de charges est parfois répétitif : une hausse pleine de miel peut peser jusqu'à 20 kg, et il faudra la porter plusieurs fois avant d'arriver à la miellerie ... Et évidemment elles seront (c'est souhaitable) nombreuses !
Bien sûr, il y a le choix conventionnel/bio. Au-delà de celui-ci, beaucoup de paramètres vont permettre d'équilibrer l'activité. Aussi bien sur le plan économique, qu'écologique, qu'éthique ou encore qu'humain. Par exemple : vais-je transhumer mes ruches ? A quelle distance maximale et combien de fois par an ? Combien de jours de travail par an, déplacements inclus, suis-je prêt.e à consacrer ? Ai-je des ressources en cas de "mauvaise année" ? De quel volume de production ai-je besoin ? Est-il réaliste et surtout : quelle pression est-ce que je risque de poser (même inconsciemment) sur mes abeilles ?
Une formation BPREA Apiculture est idéale, dans l'optique d'une activité à temps plein. Mais il est tout à fait possible d'envisager une formation courte, à compléter obligatoirement par une expérience terrain avec des pros. Avec ensuite un montage progressif de l'activité.
La difficulté de produire, et de garder les abeilles en bonne forme reste l'essentiel de la difficulté du métier. La commercialisation des produits de la ruche, surtout en bio, est rarement un obstacle (60% du miel consommé en France est importé).
Suis-je suffisamment formé.e à l'apiculture avant de lancer mon projet ?
Tout dépend de la mesure de votre projet, mais dans tous les cas, lire un bouquin ou prendre des conseils "à droite à gauche" est clairement insuffisant. Même pour prendre soin d'une seule ruche !
Prendre le temps de comprendre les cycles, d'acquérir les gestes en étant accompagné, de pratiquer avant d'installer ses propres ruches, d'apprendre à observer finement différents signes ... va permettre de démarrer sereinement, pour les abeilles et pour vous.
Se lancer en bio dès le départ est risqué. Mais pas mal d'autres choix témoignent de votre engagement : récupérer un essaim proche pour démarrer (plutôt que de laisser les propriétaires du lieu le détruire !), préserver haies et prairies naturelles, faucher tardivement et favoriser l'implantation d'une variété d'espèces, échanger localement avec des apiculteurs, se former ... On peut très bien se fixer l'objectif du passage en bio dès qu'on se sent plus à l'aise avec connaissances et pratiques, après quelques saisons, en cheminant pas à pas. C'est l'expérience que nous avons vécue pas-à-pas, en nous interrogeant sur le bienfondé de nos choix, en observant et en mesurant l'efficacité de nos pratiques. Une expérience qui donne l'occasion d'apprendre sans se démotiver ! Et c'est ce qui nous permet aujourd’hui de proposer des formations-accompagnements à l'apiculture paysanne qui nous semblent pédagogiques, justes et respectueuses.
Pour finir : démarrer en étant soi-même clair avec ses propres compétences, clair également sur la relation douce et consciente que l'on veut avec les abeilles est une 1ère marche, selon nous incontournable et gage de belles aventures !
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Vous pouvez aussi nous contacter en cliquant ici pour toute précision sur notre approche et nos formations.
Et enfin nous rejoindre pour une formation en apiculture paysanne, qui soit adaptée à votre projet :
(voir ci-dessous)